Au Boxing Club Saint-Louis

 
Au Boxing Club Saint-Louis
 

"Au Boxing club Saint-Louis", 1995, Gouache, lavis, fusain et pastel sur Papier Arche, 200x124 cm

Photo Yves Gallois

Autre tableau

"Il y a maintenant vingt ans que je connais le travail de Jean-Jacques Surian, je l'ai découvert à Marseille dans les années 70, et je me souviens bien de sa participation à une manifestation comme on n'en avait pas vu beaucoup et comme on n'en a plus vu beaucoup depuis, Les six jours de la peinture, qui avaient réuni en 1975 la plupart des artistes de Marseille et de la Côte d'Azur pendant six jours et six nuits sur le modèle des six jours cyclistes. Dans le monde professionnalisé de l'art où nous vivons maintenant, ceci doit évidemment sembler lunaire ou nostalgique.

En regardant derrière moi et sur l'ensemble de l'activité du peintre, j'admire de plus en plus la cohérence de son itinéraire et la richesse dont il témoigne. Depuis ses militaires et C.R.S. de 1968 jusqu'aux grands tableaux marseilais actuels, Surian a remarquablement enrichi et élargi sa vision. Celle-ci s'est compliquée, approfondie, et elle ouvre sur des entreprises de plus en plus ambitieuses.

(...) Surian dit qu'il ne voyage pas volontiers, il a l'air ébahi qu'on puisse vouloir aller à Los Angeles et même s'y trouver bien. Il a en fait la chance que son imagination ne cesse de lui raconter des histoires et que, de toute manière, Marseille soit là pour l'alimenter d'impressions et de visions.

Sans tomber dans un régionalisme de pacotille, il faudra un jour reconnaître -et raconter- qu'il y a, depuis des années, une vie artistique marseillaise tout à fait particulière et que celle-ci doit tout, ou presque, au paysage, à l'activité de cette cité unique et à des traditions locales qui survivent solidement.

Pour Surian, il y a, bien sûr, la Marseille que nous connaissons, une ville bariolée, colorée, active, bruyante, sale, un vrai port de la Méditerranée comme Gênes et Barcelone, une ville peuplée de gens de couleurs, de langues et d'accents différents qui travaillent sans relâche ou, au contraire, traînent au chômage. Le peintre peint cette Marseille-là en couleurs jaune et or, avec des drapeaux, des linges aux fenêtres et des bourrasques de mistral bleues.

Mais il y a aussi une Marseille que l'on ne connaît moins, celle qu'a si bien filmée René Allio dans Retour à Marseille, une ville qu'on ne découvre qu'en y vivant, une ville faite de villages différents, certains provençaux, d'autres côtiers, certains habités par de riches bourgeois dans de belles villas et d'autres par des familles où la prison est une habitude, certains en voie de décadence, où les villas coloniales des années 20 sont écrasées par des cubes en béton, d'autres où se conserve miraculeusement la campagne du début du siècle comme dans un roman d'Edouard Peisson."

Yves Michaud

Ancien Directeur de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris

Chargé de cours de philosophie à la Sorbonne

"Le maquereau métaphysique" (Extraits)

Jean-Jacques Surian, "Monographie" 1993

Editions Athanor / Muntaner

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